Au printemps dernier, les différents acteurs du cyclisme professionnel avaient les yeux rivés sur l'Italie. Trois semaines d'une rare intensité. Au final, le Slovène Primoz Roglič célébrait son premier maglia rosa, le Colisé en arrière plan. Son dauphin, le Gallois Geraint Thomas ne comptait que quatorze secondes de retard. Un écart des plus minimes, résultat d’un contre-la-montre final d'anthologie. Pour sa dernière apparition sur le Giro, Thibaut Pinot s'est battu contre la maladie, pour s'offrir une belle cinquième place, en plus du maillot de meilleur grimpeur.
Mais voilà que l'été arrive. Si cette période est désormais synonyme d'appréhension et de craintes, juillet rime également avec Tour de France. La plus grande course cycliste au monde revient pour une nouvelle édition. De quoi nous donner une belle raison de profiter de cette période.
Précédement sur lebreak
L'univers cycliste en a d'autant plus besoin après le terrible événement survenu sur les routes du Tour de Suisse. Avec l'écrit, le cyclisme est sans doute ma plus grande passion. J'aime mélanger ces deux mondes. Ce n'est un secret pour personne, ce sport est un des plus dangereux. Cela, j'ai pu expérimenter à différents niveaux: en passionné devant la télé, mais aussi directement sur les routes.
Gino
Dans une descente des plus rapides, Gino Mäder, 26 ans, a perdu la vie. Le coureur suisse était connu de tout le peloton. Pour son talent sur sa machine, mais aussi pour ses engagements hors course. Il avait par exemple choisi de reverser une bonne partie de ses prix à différentes associations engagées pour la protection des droits humains, ainsi que pour l'environnement.
Son palmarès avait tout de celui d'un futur grand. En plus de belles victoires au niveau espoir sur le Tour de l'Avenir ou la Ronde de l'Isard, le coureur de la Bahrain-Victorious signait sa première victoire en World Tour (division la plus prestigieuse) sur les routes italiennes. Après ce succès devant Egan Bernal lors du Giro 2021, c'est à Andermatt, sur le Tour de Suisse, qu'il leva de nouveau les bras.
Cette même année 2021, Gino Mäder conclut sa saison en célébrant par une révérence sa tunique de meilleur jeune (et sa 5e place) de la Vuelta a España. Il n'a malheureusement pas eu l'occasion de participer à la Grande Boucle. Sa récente cinquième place sur Paris-Nice ne peut que nous faire imaginer que le Tour lui aurait bien plu.
Ce texte lui est dédié, ainsi qu'à sa famille, ses proches, et à toute son équipe. Les membres du peloton, tout comme les passionnés de la petite reine, ne t'oublieront pas.
Certains diront que seuls les coureurs ont besoin de préparation à l'approche d'une nouvelle édition du Tour de France. C'est sans doute vrai. Les passionnés ne diront cependant pas non à une séance de remise à niveau. Arrive alors Tour de France: Unchained, série documentaire au coeur du peloton de la dernière édition de la course mythique.
La nouvelle création Netflix a ses défauts - personnellement, j'ai beaucoup de mal avec les commentaires d'Alexandre Pasteur. Elle a cependant l'avantage de rendre ce sport encore plus accessible. Pendant huit épisodes nous sommes au coeur du peloton. Grâce à des images impressionnantes, des observations de coureurs, directeurs sportifs, ou journalistes, la magie du Tour pourrait bien plaire à un nouveau public.
Car là est l'ambition de ce projet. Élargir le public du cyclisme professionnel. Il se pourrait bien que cela fonctionne, et c'est une bonne nouvelle. Nombreuses sont les séquences émouvantes, rendant ces sportifs encore plus humains, plus accessibles. Les sensations que chacun peut éprouver devant une course cycliste sont également reproduites à merveille. Il n'est pas rare de se retrouver au bord de son siège.
Regarder Tour de France: Unchained est un excellent prélude à la nouvelle édition de la Grande Boucle. Ce texte ne serait par ailleurs pas complet sans une forme d'aperçu de ce qui pourrait nous attendre sur la 110e édition. C’est ce que je vous propose ici. Parfait, non?
Un Grand Départ au Pays Basque, le Tourmalet, le Puy de Dôme ou encore le Grand Colombier et le Col de la Loze... Cela ne vous suffit pas? Encore mieux, car ce n'est que le début. Au total, les coureurs devront parcourir plus de 3 400 kilomètres, et plus de 56 000 mètres de dénivelé positif. La lutte s'annonce intense.
Seul un contre-la-montre est prévu cette année, mais il ne conviendra sans doute pas aux purs rouleurs. Suivant l'exemple du dernier Giro, c'est une course de côte qui se présente au coureur, avec les six derniers kilomètres à 6,6% de moyenne. La montagne et les pourcentages seront omniprésents sur cette édition, avec peu de véritables étapes de «transition». La veille de l’arrivée à Paris, 3 471 mètres de dénivelé sont au programme… un chantier.
Le parcours à lui seul a de quoi faire rêver les suiveurs, comme les coureurs. Cette 110e édition sera surtout la dernière de grands coureurs de ce siècle, Thibaut Pinot et Mark Cavendish en tête.
La liste officielle des participants reste à confirmer, mais l'idée d'un troisième mano à mano entre Pogacar et Vingegaard est très plaisante. D'autant plus qu'ils ne seront pas seuls. Il faudra également compter sur les prodiges Wout van Aert et Mathieu Van der Poel, enfin rejoins par Biniam Girmay, pour son premier Tour.
Les outsiders, Jai Hindley, Richard Carapaz, Egan Bernal, Simon Yates, ou encore Andreas Leknessund et Mattias Skjelmose, ne seront pas là pour faire de la figuration. Les espoirs français pourront eux se tourner vers un Julian Alaphilippe en quête de victoires, mais aussi autour de David Gaudu, Romain Bardet et Guillaume Martin.
Tout ce beau monde s'élancera de Bilbao le 1er juillet prochain, et cela ne pouvait arriver à un meilleur moment.
-Dorian Vidal