L'être humain s'enrichit de ses différences. L'espèce humaine est une des plus diversifiées par rapport à toutes celles qui peuplent la Terre. C'est ce qui fait la plus grande force de l'humanité. Quand de nombreux partis politiques, médias et réseaux sociaux, nous poussent à nous monter les uns contre les autres, le «vivre-ensemble» semble reculer.
Pourtant, il existe sur cette planète des pays où il paraît plus simple de vivre avec d'autres, peu importe leur origine. Cela, j'ai notamment pu l'observer directement à l'occasion de mon séjour à Toronto. Dans les rues, dans les tribunes du Rogers Centre, ou encore dans les salles du TIFF, une plus grande mixité sociale et ethnique saute aux yeux.
précédemment dans Fly Me To The North
Si, comme abordé dans l'épisode précédent, les rues du centre-ville torontois semblaient bien froides, de nombreux endroits étaient plus chaleureux. Les rames de métro, climatisées, propres, n'étaient pas plongées dans le silence. Souvent, des conversations enjouées se faisaient entendre, et même quelques pas de danse pouvaient bouleverser la quiétude des transports publics.
Les transports publics en question
Il est vrai qu'il n'est pas rare de croiser des personnes en difficultés, éméchés, ou juste fatigué de la vie. Ne tombez pas les a priori pour autant, les médias cherchent souvent le buzz. Il y a de vrais problèmes concernant l'assistance aux personnes dans le besoin, financièrement et également mentalement, mais ne soyez pas paranoïaques. Pendant mon séjour, nombreux quotidiens torontois n'ont pas hésité à jeter de l'huile sur le feu, aidé par les candidats les plus conservateurs, lors de l'élection municipale.
Prolongement des lignes, gestion plus efficace des flux, électrification de la flotte de bus, tarifs à mieux contrôler... La question des transports en commun doit être travaillée, à Toronto, comme ailleurs. Avec une certaine dose de vigilance, chaque voyage devrait se dérouler sans encombre. Le monde est déjà assez fou, il n'y a guère besoin de polémiquer sur tout.
Revenons maintenant au sujet principal de cet article, soit le cosmopolitisme. En toute évidence, Toronto et le Canada ne sont pas les seuls endroits où les cultures se mélangent. Ce que je souhaite souligner ici est plus l'importance de s'ouvrir aux autres. Toronto est différent des villes comme Paris en bien des aspects, mais la diversité de ses habitants fait largement pencher la balance en faveur de la métropole canadienne. Se confronter à des accents, des histoires, des parcours différents fait le plus grand bien, et apporte sans doute beaucoup, des deux côtés.
Parmi les souvenirs de ce séjour que je chéris le plus, les rencontres et les discussions que j'ai pu avoir occupent une grande place. Je me remémore ainsi les discussions concernant les politiques et les histoires européennes entre Kadir et moi, mon colocataire turc. Les échanges avec Musab, propriétaire pakistanais d'un «One Dollar Store», autour du journalisme, de la vie à Toronto, mais aussi sur l'immigration en tant que telle, restent avec moi. Il était également question de ce sujet lors de conversations avec Nicolas, un Français dont le parcours se rapproche du mien (un entretien qui sera abordé dans un prochain épisode), ou aussi avec Ken, du Costa Rica, fondateur et président de First Choice Wildlife Services.
Les éléments abordés dans l'entrevue avec Nicolas seront repris avec plus grande précision dans un prochain épisode. Je peux néanmoins vous écrire que nous partagions l'observation d'une dissemblance générale entre Paris et Toronto, entre la France et le Canada. En apparence, on pouvait sentir une plus grande tolérance des différences. Chacun semblait se désintéresser complètement de ce qui pouvait se passer, de ce que pouvait faire tel ou tel individu. À l'inverse, nous associons tous deux les rues parisiennes à du jugement permanent. Enfin bref, je me disperse. De tout ça, il sera question dans le dernier épisode de la présente série.
Si la France, l'Europe dans son ensemble, et de nombreux pays, sont des «contrés d'immigration», il me semble que l'intégration est beaucoup mieux prise en charge au Canada. Dans l'hexagone, les diversités sont beaucoup moins visibles, ne serait-ce que dans les différents espaces médiatiques. Cela peut sembler désuet, mais grandir sans pouvoir s'identifier à ceux qu'on entend à la radio, qu'on voit sur les écrans, ou qu'on lit, ne facilite pas du tout la tâche. Loin de là.
Pour revenir à l'accroche de ce texte, la diversité fait la richesse de l'humanité. Penser le contraire reviendrait à se mentir. Sur ce point, le modèle canadien a beaucoup à nous apprendre. Dans ces temps troublés, où certains prônent le renfermement sur soi, il n'y a rien de mieux que de s'ouvrir. Guérir les blessures, payer les dus, et enfin aller de l'avant. Ensemble.
-Dorian Vidal